Le surréalisme de Bruxelles

Voilà le palais de justice. Un petit bout. Cet énorme bloc de pierre se voit de très loin, il domine le centre de Bruxelles. La première fois, je suis tombée dessus par hasard. J’avais les yeux rivés sur mes baskets, la tête rentrée dans les épaules, il crachinait, j’avais froid. Et puis j’ai levé la tête et je l’ai vu, écrasant et surdimensionné. Une impression saisissante.
Depuis j’ai appris qu’il fait partie des monuments mythiques de la ville, car on dit que son architecte, devenu fou, aurait fait partir depuis le bâtiment tout un réseau de galeries qui parcourent le sous-sol de Bruxelles, reproduisant une ville sous la ville. Une ville aux dimensions si incroyables qu’elles atteindraient Paris. Et ces galeries rejoignant Paris, font dire aux Bruxellois que Paris n’est finalement qu’une banlieue de Bruxelles, un petit quartier un peu excentré.
Une petite folie qui me plaît bien.

Mon petit tour

Je commence à avoir un parcours “habituel” pour me balader qui mène de la rue Antoine Dansaert à la rue Blaes. Traduction : de mon quartier “branché-mode créateurs” au quartier “déco-antiquaires chics”. Tout ça en passant par quelques jolies rues, un terrain de skate, devant le bowling Super Crosby, deux églises, un petit parc, un espace vert et des immeubles en brique, des immeubles en brique, des immeubles en brique, des immeubles en brique. Autour de ce parcours, je commence doucement à broder, chaque fois, je tente une nouvelle rue en élargissant ainsi mon glossaire des rues bruxelloises. Que j’énumèrerai une autre fois.

Je ne me décourage pas

Un peu troublée par l’épisode du Walvis, je décide d’aller dessiner dehors (vraiment dehors!) pour être tranquille et rattraper ce mauvais départ. j’ai choisi un banc au soleil, il fait quand même encore un peu froid. Je suis face aux façades. Sur la place, des touristes et des clochards. Derrière moi, sur l’autre banc, un couple roucoule en amoureux, la fille a un petit rire aigu. Ils s’en vont. Deux clochards s’installent, je les entends ouvrir leurs canettes de bières (j’ai du mal à imaginer que ce pourrait être du coca). Ils discutent business : “Alors, tu vois, l’autre, maintenant qu’il a fait un crédit de… 20 euros chez Teddy, et ben, il revient me voir… Alors moi je lui ai dit…” De mon côté du banc, il fait de plus en plus froid et je peste contre mon nouveau stylo, trop épais. J’arrive plus à faire des pattes de mouche, ça m’énerve.

Les Français m'énervent

Dimanche après-midi, 15h30 environ, au Walvis, donc. Je suis seule à une grande table. Ils sont cinq. Ils s’installent. Normal. Celui qui s’installe en face de moi se rend compte qu’il est pile devant ce que je dessinais. Il est vaguement gêné, petit sourire. Et puis, il se cale sur sa chaise et continue à discuter avec ses potes. Normal, c’est sa place, y’a pas de raison d’être gêné plus longtemps, juste pour la forme ça suffisait. Grand seigneur, il part aux toilettes, le temps que je trace encore quelques traits, puis se propose pour aller chercher la commande de thés à la menthe au comptoir. La serveuse est lente, j’ai le temps de finir mon dessin en vitesse. Et je me casse, mal à l’aise et en colère. J’ai bien fait de sortir, moi…